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Bertoni, Luigi action directe
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La vie quotidienne et les luttes syndicales à Genève

Série de dix-sept interviews bruts non montés d'ouvriers du bâtiment, réalisée par Christiane Wist et Paulette Deleval en 1983 sur mandat du Collège du Travail en vue de la publication de l'ouvrage "Des anciens du bâtiment racontent ... la vie quotidienne et les luttes syndicales à Genève, 1920-1940" (Collège du Travail, 1984)

Le projet avait pour but de faire connaître les pratiques spécifiques de l'action syndicale de cette époque à Genève, l'influence des idées anarchistes et et plus particulièrement les méthodes de l'action directe anarcho-syndicaliste, jusqu'alors peu connues et documentées. Un des objectifs était de permettre la reconnaissance de ces pratiques et de leur importance dans l'obtention d'amélioration des conditions de travail, de sorte que cela puisse servir à renforcer et inspirer les luttes syndicales d'alors et du futur (cf correspondance du Collège du travail.) Une des particularité de ce projet, qui s'inscrit dans les objectifs généraux du Collège du travail, était la volonté de certains ouvriers de prendre eux-mêmes la parole pour compléter une histoire lacunaire, en amenant leur point de vue propre sur des événements et une période dont ils ont été des acteurs centraux. Cette enquête a été mandatée une année après le décès de Lucien Tronchet.

Elle a été effectuée en deux étapes. Dans un premier temps, Paulette Deleval, assistante sociale, a effectué les premiers entretiens dans le cadre d'un travail de diplôme, selon les consignes d'une sous-commission du Collège du travail constituée à cet effet et composée de quatre ouvriers militants et de Jacqueline Berenstein-Wavre. Un canevas de questions (voir doc. annexe) a été élaboré pour servir de trame à ces entretiens semi-dirigés. Les personnes interviewées sont sollicitées chaque fois au sujet de leur formation, de leur premier contact avec le monde syndical, de plusieurs événements marquants pour l'histoire syndicale genevoise (démolition des taudis, résistances aux évacuations, la fusillade du 9 novembre 1932, les défilés du 1er mai, les bagarres du samedi après-midi dans les rues du Genève, l'Aurore ce fameux cercle anarchiste de la rue Coutance, de l'influence des personnages de Lucien Tronchet et Luigi Bertoni, les relations avec les syndicats chrétiens, etc..).
Dans un deuxième temps, et après quelques entretiens effectués à deux, Paulette Deleval retourne à son poste et passe la main à Christiane Wist. Christiane Wist, ancienne enseignante à l'école de travail social de Lausanne et psychologue, présente un projet de publication. Elle intègre au projet la méthodologie d'analyse systémique de récits de vie du sociologue polonais Florian Znaniecki. Cette méthode analyse les relations entre transformations sociales et pratiques humaines, en croisant les matériaux biographiques et d'autres documents de recherche. Les témoignages transcrits ont été confrontés les uns aux autres, ainsi qu'avec les journaux de l'époque. Ils ont été relus et utilisés dans le cadre d'un travail d'édition critique par une sous-commission composée d'ouvriers militants. La partie rédaction et conception a été prise en charge par Christiane Wist.

Collège du Travail, Genève

Interview d'un manoeuvre, terrassier et grutier - Gustave Berger, le personnage U (1ère partie/4)

Interview d'un manœuvre, terrassier et grutier, Gustave Berger, le personnage U, par Christiane Wist (Durée totale de l'entretien: 02:38:31).
Période évoquée : 1920-1940 (principalement)

Aperçu des thèmes (Parties 1/4 à 3/4):
Dans ce long, vivant, et instructif entretien, cet ouvrier raconte son enfance dans le quartier des Eaux-Vives et comment le fait d'avoir été l'enfant d'une femme divorcée ou le fait d'avoir dû la soigner ont influencé ses valeurs et ses choix. La question de la dignité et des pratiques humiliantes revient à plusieurs reprises. Il mentionne quelques éléments sur sa participation à la guerre d'Espagne et sa participation à l'armée. Il explique avec humour et détails une série d'actions dont celle menée sur le chantier de la Société des Nations (SdN) avec la Ligue d'action du bâtiment (LAB). Il parle du cercle anarchiste qui se réunissait à la rue Coutance et relate l'importante présence de femmes en son sein. Il raconte sa participation aux réseaux de passeuses et passeurs d'enfants juifs pendant la Deuxième Guerre mondiale, et l'histoire de ces femmes qui traversaient le Rhin à la nage avec des enfants sur le dos. Il parle de l'importance de la communication, les soirées de collage d'affiches et la collaboration avec les Imprimeries Réunies. Il explique ses pratiques contraceptives. Il raconte sa blessure à la cuisse lors de la fusillade du 9 novembre 1932 et comment un médecin l'a protégé et soigné à ce moment-là. Il parle ensuite des méthodes de travail dans le bâtiment, l'utilisation du béton et les accidents de ponts-volants.

Repérage des sujets principaux (1ère partie/4)
00:00:00 à 00:09:00 : Parti en 1936 en Espagne - Il craignait les représailles s'il rentrait en Suisse, il a ouvert un garage en France en empruntant de l'argent à Lucien Tronchet - Il encourait une peine de deux ans de prison pour participation à une armée étrangère - Il a été condamné à une deuxième école de recrue, à l'aviation - A l'armée, on lui avait demandé de faire un exposé sur la guerre d'Espagne et le syndicalisme, il a refusé en disant qu'ils auraient dû y aller eux-mêmes si ça les intéressait - Il raconte les tentatives d'humiliation à l'armée - Enfant de divorcée, il a senti rapidement les injustices liées à la méconnaissance - Il a fait son école à Genève, à la rue des Eaux-Vives - doué à la gym - quartier bourgeois et catholique;
00:09:00 à 00:18:00 : Il faisait du théâtre - se faisait un peu d'argent en pluchant les légumes - Il portait des sabots fabriqués à Saint-Antoine par les détenus - Il faisait partie de la gym des Eaux-Vives - Sa mère travaillait chez Caran d'Ache, elle revenait violette - Elle faisait des cornets en papier le soir pour compléter ses revenus - Ils n'ont jamais réussi à tirer une pension du père - Sa mère se faisait traiter de prostituée car elle était mère divorcée - Il raconte quand sa sœur et sa mère se sont coupées les cheveux - A l'époque il n'y avait pas de femmes dans les cafés - Aujourd'hui les gosses ne veulent pas savoir comment c'était - Sa sœur sortait danser en prétextant qu'elle allait au cinéma avec son frère;
00:18:00 à 00:27:00 : Il a soigné sa maman malade et est resté à la maison jusqu'à tard, 35 ans, jusqu'à son décès à 65 ans - Il a beaucoup de respect et d'affection pour sa mère, elle le lui rendait, elle l'admirait beaucoup, même lors de ses démêlés avec la justice - Elle ne pouvait pas être soignée à Genève car elle était vaudoise - Il a finalement trouvé un médecin, mais ils n'avaient pas d'assurance maladie - Il a mis de longues années pour rembourser les 7'000 francs - Par dépit, il a demandé la naturalisation à Genève, il a été interrogé et finalement ayant compris qu'il n'était pas communiste, elle lui a été octroyée - le 9 novembre 1932, il a été touché à la cuisse par les tirs militaires;
27:00:00 à 00:36:00 : Ils avaient « l'intention de nous faire du mal » car ils avaient scellé des chaînes dans le mur de la salle dans laquelle la conférence serait donnée - C'est seulement l'après-midi même que la Fédération des ouvriers sur bois et du bâtiment (FOBB) a décidé de participer aux mobilisations contre les fascistes, la nouvelle que l'école de recrue de Lausanne allait être présente a été décisive - Il est rentré dans la salle et a été reconnu par Aeschlimann (?) - C'est cette même personne qui a tué 23 personnes en Allemagne, le soir de Noël, il commandait les troupes de SS - Ils ont mis dehors l'interviewé, et il a été blessé - Il s'est rendu à la polyclinique, le médecin l'a caché lorsque la police est venue le chercher - ce médecin l'a ramené à la maison le soir et est venu le rechercher le lendemain - Ils avaient fait venir des médecins de Paris pour cette blessure de guerre - Il a été interrogé sur son lit à la maison, ils voulaient l'emmener à la prison de Saint-Antoine - Le médecin respectait strictement son code de déontologie et notamment le secret professionnel - Tout était bien calculé dans cette attaque - Il a rencontré Aeschlimann 10 ans plus tard et lui a « tiré les oreilles » à l'aide d'une matraque pour son crime nazi horrible - Apprentissage de mécanicien sur auto chez Gialli (?), un fasciste;
00:36:00 à 00:43:00 : il a été licencié pour des raisons économiques - il a fait charbonnier quelques jours, mais c'était pénible et il n'avait pas la carrure - il a travaillé ensuite comme terrassier - il a réussi à convaincre plus de 300 personnes à s'affilier à la FOBB - les intempéries: ils avaient obtenu le 80 % du salaire en cas de mauvais temps et avaient obtenu des vêtements de clowns contre la pluie, certains restaient sur le chantier pour obtenir le 100 % - "Mais il y a un dégoût quand vous travaillez et que l'eau vous coule sur les reins, moi j'étais assez prétentieux dans ce domaine, je lavais mes habits, je repassai mes cols (...), et la lavallière noire, avec les vêtements, avec la futaine" - En tant qu'anarchiste, on lui a reproché qu'il ait fait une deuxième école de recrue plutôt que la prison, il explique que chacun a des spécificités dans sa vie, lui il avait besoin d'argent pour sa mère;
00:43:00 à 00:45:47 : A l'armée, comme il avait des petits pieds, il faisait du 36, il lui était demandé de mettre trois paires de chaussettes - Il y avait la neige et l'eau qui rentraient dans ses chaussures, il a refusé de se lever un matin;

Collège du Travail, Genève; producteur/trice

Interview d'un ferblantier appareilleur - Alex Burtin, Personnage R (2ème partie/2)

Interview d'un ferblantier-appareilleur, Alex Burtin, le personnage R, par Christiane Wist (Durée totale de l'entretien: 00:58:08).
Période évoquée : 1930-1960 (principalement)

Aperçu des thèmes (Parties 1/2 et 2/2):
Ce ferblantier-appareilleur raconte dans un premier temps son activité syndicale et politique au sein de la Fédération des ouvriers sur bois et du bâtiment (FOBB), notamment son séjour en prison à Bochuz pour la diffusion d'un tract contre la guerre. Dans un deuxième temps, il décrit son métier et les techniques utilisées avant les grands changements liés à l'évolution des matériaux. Plus tard, personne ne voulait l'engager, il a donc décidé de devenir patron.

Repérage des sujets principaux (2ème partie/2)
00:00:00 à 00:09:00 : "J'ai participé à la Ligue d'action du bâtiment (LAB) - J'ai participé quelques samedis - on s'est bagarré un peu à la rue de Lausanne – beaucoup de bagarres contres les fascistes, il y avait les équipes, les petit-fils de Töpffer, les gars d'Oltramare, des anars qui vendaient le Réveil - c'était le temps des costumes - cravate des anars, la lavallière, il y avait une futaine brune, les communistes, pas beaucoup, mais il y avait les chemises brunes, les syndicats chrétiens avaient les chemises vertes - trésorier au syndicat des ferblantiers - Jeunesse FOBB de toutes les professions, puis groupe de loisir, 1000 francs de bénéfices - Organisé le bal des apprentis - Au début c'était des cours, puis c'était des loisirs - Foire de Bâle - La Dôle, conférences - J'aurai voulu leur donner une activité culturelle - La transmission est très importante - Bien de garder la ligne du parti mais chacun doit avoir sa liberté - Chercher un boulot de contremaître - Je suis devenu patron, parce-que j'ai pas été pris dans d'autres entreprises - Les clients sont venus avec moi - Les anciens anars y en a beaucoup qui sont devenus patrons - Beaucoup d'antifascistes se sont mis à leur compte - Les gens ont peur de la discussion - Pas eu une formation très longue, quitté l'école à 13 ans - Père et mère orphelins - par l'assistance, ils l'ont mis dans le canton de Vaud et l'ont placé chez les paysans - Se sont mariés à 18 ans - Elle a pu se marier mais sans avoir beaucoup d'argent - Elle travaillait pour les gosses, on a tous eu une formation - Lui, il était plutôt pro-communiste, pour la Russie - On se bagarrait tous les jours à table - Il était plutôt indépendant, il n'aimait pas cette discipline."
[césure]
00:08:45 à 00:18:00 : "Apprentissage, finalement l'ouvrier c'est le plus mauvais patron - fallait quand même voler le métier, même si il y en avait qui étaient des bons compagnons - Apprentissage de 3 ans de ferblantier-appareilleur - Un jour de cours par semaine - En ce temps-là, on intervenait pour les installations d'eau - Second œuvre: on montait les colonnes en plomb, il fallait vraiment connaître le métier - le métier est moins spécialisé qu'avant - A l'époque, il fallait cintrer tous les coudes sur place - la soudure: souder plomb sur plomb et étain, puis la fonte en joint coulé, maintenant c'est tous des raccords vissé - les Espagnols travaillaient bien le plomb - on devait aussi lire les plans - avant, quand on faisait un grand bâtiment, on installait un atelier - C'était en regardant qu'on apprenait, certains ouvriers avaient des secrets, comme pour cintrer - On a fait beaucoup de cours de plomberie pour souder avec des billes - Colonnes d'eau, colonne de chutes, salles d'eau - Maintenant, il faut être plus précis - On avait plus le temps, on travaillait à 1.20 francs de l'heure - La discipline sur le chantier, c'est beaucoup moins qu'avant - Ce sont les plombiers qui ont eu les vacances en premier - Installations sanitaires - Une plaque de métal, on fait des chenaux, les gorges, les garnitures sur le toit - avant on travaillait le zinc - Ça demande plus de connaissances";
00:18:00 à 00:27:00 : "Maintenant on agrafe, on fait beaucoup moins de soudures, et on brase - dans les maisons, on venait après les maçons, avant les peintres - avant les carreleurs et les plâtriers - A présent, c'est tout du préfabriqué - méthode de travail - On était nombreux à Genève, maintenant on est beaucoup moins nombreux - Dans les grands immeubles de six étages ou était 3 ou 4 - un pour les trous à la massette, un qui traçait (le chef de chantier) tous les appareils parterre, un qui scellait tout au ciment, un autre qui vissait tous les appareils - un manœuvre et deux appareilleurs - Nous on travaillait tout l'hiver - On allumait un feu - Premiers à obtenir les jours de vacances, les ferblantiers - Grâce à Tronchet - Lucien a beaucoup fait pour que les gens puissent se changer et se laver, il y a pas de raison que quand on s'attable au bistrot on sache que c'était un maçon - Puis tous le monde est allé à la FTMH, car à cheval entre le bâtiment et la FOBB - Grande influence des communistes, pour cette raison je suis resté à la FOBB - Lutte contre les communistes, entres les syndicalistes et les communistes - On faisait des manifestations, car les conventions collectives n'étaient pas respectées - Puis, aussi le travail à la pièces, nous on voulait pas - Il y a toujours eu beaucoup de petites entreprises de ferblantiers, mais le patron était ferblantier, quelques exceptions - La Ligue d'action du bâtiment (LAB), j'y ai participé mais moins, parce que je faisais du sport, c'était incompatible - J'étais à la bagarre des jours fériés";
00:27:00 à 00:28 :00 "On était rentré à l’hôtel de ville - Ça a été un tour de force - Il y avait du monde à la manifestation - Jours fériés, un progrès social beaucoup plus important que deux sous de plus".

Collège du Travail, Genève; producteur/trice

Interview d'un maçon, typographe et secrétaire syndical, Henri Tronchet (3ème partie/9)

Interview d'un maçon, typographe et secrétaire syndical, Henri Tronchet, par Christiane Wist (Durée totale de l'entretien: 03:54:13).
Période évoquée : 1920-1940 (principalement)

Aperçu des thèmes (Parties 1/9 à 9/9):
Dans ce long et fourni entretien, Christiane Wist se fait raconter l'histoire de cette période des années 1920-1940 par Henri Tronchet qui participa à une série d'actions directes au sein de la Ligue d'action du Bâtiment (LAB) et fut secrétaire syndical jusqu'en 1955. Né en 1915, il raconte son parcours dans l'action syndicale et dans ses deux métiers principaux, maçon et typographe. Dans cet entretien, les interlocuteurs prennent le temps de la réflexion et de la distance par rapport aux récits, et s'attardent notamment sur le concept de chance. En effet, Henri Tronchet la considère comme centrale dans son parcours, ce qui lui fait dire « c'était peut-être ma chance d'avoir cru à ma chance ! ». Il décrit les actions menées pour la mise en place du système de reconnaissance de capacité pour les ouvriers qualifiés mais sans diplôme. Il explique les raisons pour lesquelles beaucoup d'ouvriers ne pouvaient se permettre d'acheter les produits des coopératives. Il décrit aussi l’ambiguïté dans la pratique des politiques de logement social. Il aborde la question des rapports de pouvoir et des comportements peu anarchistes de camarades anarchistes. Parmi de nombreux autres sujets, cet entretien traite aussi de la propagande par le fait, des enjeux de la caractérisation d'un acte comme "acte terroriste" et des séjours en prison.

Repérage des sujets principaux : (3ème partie/9)
00:00:00 à 00:09:00 : Bösiger, c'est « un confusionniste », il n'avait pas d'activité syndicale, il était maçon et "anar mais très primaire », maçon, pendant la guerre, il avait une entreprise de défrichement, il touchait des subventions mais ne payait pas ses employés, voulait leur donner des légumes plutôt que de l'argent – il aurait voulu reprendre le Réveil – Bösiger a été condamné à 8 mois de prison pour refus de servir - la bombe a été mise en solidarité avec lui – en comparaison quand les nazis ont fait sauté une synagogue, seulement 2 mois de prison - Bertoni disait faites des conneries mais faites quelque-chose – 13 ans de différence d'âge avec son frère Lucien Tronchet, ils n'ont pas passé beaucoup de temps ensemble à la maison, ils ont eu du contact dans l'action – il ne se souvient pas comment il est entré en contact avec le cercle anarchiste de Coutance;
00:09:00 à 00:10:05 : Anecdote sur la rencontre avec Bertoni et la participation pour un livre – Evasion de Bertoni de l'hôpital.

Collège du Travail, Genève; producteur/trice

Interview d'un maçon - Fernand Fellay, le personnage D (1ère partie/2)

Interview d'un maçon, Fernand Fellay, le personnage D, par Paulette Deleval (Durée totale de l'entretien: 01:04:18).
Période évoquée: 1920-1940 (principalement)

Aperçu des thèmes (Parties 1/2 et 2/2):
Ce maçon raconte la manière dont les militants s'organisaient pour faire respecter les revendications des ouvriers. Il décrit les actions de démolitions de taudis et autres événements liés à la Ligue d'action du bâtiment (LAB). Il raconte la mise en place des équipes chargées de contrôler chacune une zone du canton et agir en cas de non-respect des revendications, par exemple en sabotant le travail effectué les jours de congé.

Repérage des sujets principaux (1ère partie/2)
00:01:30 Tournée des chantiers;
00:04:20 Stratégies par rapport à la police;
00:09:08 Entrée dans le syndicat motivé par les revendications salariales et la volonté de réagir aux injustices sur les chantiers - conséquences de l'affiliation au syndicat - changer de boulot quatre fois par année;
00:14:30 Logement et hygiène, bains publics;
00:15:30 Les conséquences du chômage sur la vie quotidienne et familiale: à la maison jusqu'à trente-cinq ans;
00:20:30 L'organisation syndicale par métier et la Ligue d'action du bâtiment (LAB);
00:24:02 Grande action sur le chantier du bâtiment de la Société des Nations;
00:26:25 Démolition des taudis de Saint-Gervais - départ 5h du matin, chacun sa pelle et pioche;
00:29:40 Comment viennent les idées pour les actions? par l'action - résistances aux évacuations à quarante ou cinquante personnes;
00:34:50 Comment fonctionnaient les ponts-volants (système remplacé par les échafaudages), pourquoi les ouvriers y perdaient la vie, lutte pour leur suppression;
00:38:43 Première grève a duré dix-sept jours - grève de 1928, grève commencée sans savoir si la Fédération allait soutenir;
00:44:00 Grève des ramoneurs, ouvriers venus de Hongrie, dormaient sur le sol et nourris sur place, "une honte" - fermeture de l'usine - action syndicale: " Petit salaire, petit travail », affiches collées partout sur le chantier - action: travail au ralenti - lutte victorieuse pour empêcher une baisse de salaire.

Collège du Travail, Genève; producteur/trice

Interview d'un maçon, typographe et secrétaire syndical, Henri Tronchet (2ème partie/9)

Interview d'un maçon, typographe et secrétaire syndical, Henri Tronchet, par Christiane Wist (Durée totale de l'entretien: 03:54:13).
Période évoquée : 1920-1940 (principalement)

Aperçu des thèmes (Parties 1/9 à 9/9):
Dans ce long et fourni entretien, Christiane Wist se fait raconter l'histoire de cette période des années 1920-1940 par Henri Tronchet qui participa à une série d'actions directes au sein de la Ligue d'action du Bâtiment (LAB) et fut secrétaire syndical jusqu'en 1955. Né en 1915, il raconte son parcours dans l'action syndicale et dans ses deux métiers principaux, maçon et typographe. Dans cet entretien, les interlocuteurs prennent le temps de la réflexion et de la distance par rapport aux récits, et s'attardent notamment sur le concept de chance. En effet, Henri Tronchet la considère comme centrale dans son parcours, ce qui lui fait dire « c'était peut-être ma chance d'avoir cru à ma chance ! ». Il décrit les actions menées pour la mise en place du système de reconnaissance de capacité pour les ouvriers qualifiés mais sans diplôme. Il explique les raisons pour lesquelles beaucoup d'ouvriers ne pouvaient se permettre d'acheter les produits des coopératives. Il décrit aussi l’ambiguïté dans la pratique des politiques de logement social. Il aborde la question des rapports de pouvoir et des comportements peu anarchistes de camarades anarchistes. Parmi de nombreux autres sujets, cet entretien traite aussi de la propagande par le fait, des enjeux de la caractérisation d'un acte comme "acte terroriste" et des séjours en prison.

Repérage des sujets principaux : (2ème partie/9)
00:00:00 à 00:09:00 : grève du 3 septembre 1932 : réduction des salaires pour résoudre la crise partout en Suisse – grève générale annoncée pour le samedi – seul chantier à travailler, celui de la Société des Nations, avec beaucoup d'étrangers et de saisonniers qui travaillaient – récit de la confrontation – ils avaient desserrés les freins de différents véhicules – des adjudants de gendarmerie qui ressemblaient à des caricatures – tentatives de mettre le feu à la menuiserie – arrestations – Résultat : Genève, seul canton qui n'a pas eu de baisse de salaire : démonstration que c'était l'action des ouvriers eux-mêmes qui est efficace – les travailleurs attrapés sur les chantiers ne résistaient pas en général – il ne se souvient pas bien de toute cette période, il n'avait que 17 ans et ne jouait pas de rôle spécifique – La manchette titrait : De retour de Moscou, ils prennent d'assaut la SdN ! C'était faux évidemment ;
00:09:00 à 00:18:00 : Huissoud est parti une année à Moscou - certains ont été formés en Allemagne – « Nous on savait : en 1934-1935 les gens étaient au courant, on parlait avec des rescapés » – anecdote sur Pierre Nicole – il mentionne une certaine affaire Pontini, Noël 1937 - Participation à des rencontres, l'anti-Babel: y a rencontré André Gide, il y avait des cours le matin avec 70 personnes et l'après-midi invitation de personnalités - il mentionne une affaire de la main tendue de Torres – une Madame Arnaud [?] fusillée à Annemasse, les camelots du roi ;
00:18:00 à 00:27:00 : Conflits entre Lucien Tronchet et Henri Tronchet sur les calomnies – Le réarmement moral à Caux, une sorte d'armée du salut, mais hypocrite, au départ c'est une couverture de la CIA, il y avait 2000 personnes en permanence à Caux, qui est-ce qui payait ? - parfois il faut bousculer les gens pour que l'information circule ;
00:27:00 à 00:36:00 : En prison, il a trouvé que le temps passait à une vitesse incroyable – le mépris des gardiens de prison était une distraction – ses rencontres en prison – c'était presque un compagnonnage du cambriolage – assassinat et vengeance à froid – le gardien de prison qui le reconnaît 40 ans après au Marchairuz – raisons de son emprisonnement : ils ont fait une petite bombe et l'ont placée sur le monument aux Morts de 14-18 du Parc Mon Repos, ils se sont fait attrapé, ils étaient jeunes et pas précautionneux ;
00:36:00 à 00:46:38 : Fellay aurait été prêt à se sacrifier - grande accélération de la procédure judiciaire en argumentant qu'il s'agissait d'un acte de terrorisme – le procureur général avait déjà une dent contre lui en raison de l'affaire des taudis et avait besoin d'être sévère pour se faire réélire – "on partait en Espagne on avait fait des bombes dans des cylindres, comme on nous voyait souvent au Grand-Saconnex, il fallait avoir un prétexte et donc on jardinait" – en sortant de Bochuz, quelques jours après on l'emmène 8 jours à Saint-Antoine – « Je n'ai pas particulièrement souffert à Bochuz. Mais on ne se souvient que des bonnes choses, c'est comme les soldats, c'est humain, sinon on se suicide » – a demandé à être mis au quartier politique en prison.

Collège du Travail, Genève; producteur/trice

Interview d'un maçon, typographe et secrétaire syndical, Henri Tronchet (4ème partie/9)

Interview d'un maçon, typographe et secrétaire syndical, Henri Tronchet par Christiane Wist (Durée totale de l'entretien: 03:54:13).
Période évoquée : 1920-1940 (principalement)

Aperçu des thèmes (Parties 1/9 à 9/9):
Dans ce long et fourni entretien, Christiane Wist se fait raconter l'histoire de cette période des années 1920-1940 par Henri Tronchet qui participa à une série d'actions directes au sein de la Ligue d'action du Bâtiment (LAB) et fut secrétaire syndical jusqu'en 1955. Né en 1915, il raconte son parcours dans l'action syndicale et dans ses deux métiers principaux, maçon et typographe. Dans cet entretien, les interlocuteurs prennent le temps de la réflexion et de la distance par rapport aux récits, et s'attardent notamment sur le concept de chance. En effet, Henri Tronchet la considère comme centrale dans son parcours, ce qui lui fait dire « c'était peut-être ma chance d'avoir cru à ma chance ! ». Il décrit les actions menées pour la mise en place du système de reconnaissance de capacité pour les ouvriers qualifiés mais sans diplôme. Il explique les raisons pour lesquelles beaucoup d'ouvriers ne pouvaient se permettre d'acheter les produits des coopératives. Il décrit aussi l’ambiguïté dans la pratique des politiques de logement social. Il aborde la question des rapports de pouvoir et des comportements peu anarchistes de camarades anarchistes. Parmi de nombreux autres sujets, cet entretien traite aussi de la propagande par le fait, des enjeux de la caractérisation d'un acte comme "acte terroriste" et des séjours en prison.

Repérage des sujets principaux : (4ème/9)
00:00:00 à 00:09:00 : voler le métier : il a changé de métier en raison d'une maladie (colique de plomb), manœuvre à la coopérative (travaux à la rue de Lausanne, en sous-œuvre), il a commencé à voler le métier alors qu'il était ferrailleur, il avait le soutien de camarades italiens anars, puis petit à petit, il a volé tous les métiers du gros œuvre, les tâches de finitions ne l'intéressaient pas – plus tard, se rendant compte qu'ils étaient maçons mais sans certificat, ils se sont organisés pour être reconnus (si on avait le double du temps d'apprentissage en pratique du métier, on pouvait prétendre à un certificat de capacité moyennant un nombre d'heures de théorie) – cette reconnaissance de capacité aurait du s'appliquer à la profession de contre-maître mais les entrepreneurs avaient déjà contrôlé ce domaine;
00:09:00 à 00:18:00 : Henri Tronchet considère avoir eu beaucoup de chance dans la vie, discussion autour du fait de saisir les chances – son père, dernier conducteur de diligence de la ligne Thonon-Vallée d'Abondance-Morgins – souvenir de récits de diligence contés à la lumière de la lampe à pétrole – souvenirs de premières poses d'électricité à Carouge – réverbère à gaz – né en 1915, électricité vers 1922 – les régisseurs étaient caricaturés comme des vautours – la problématique du loyer à payer était un problème central pour beaucoup – souvenir d'enfant de l'évacuation de l'épicerie Tamborini – les secrétaires syndicaux de maintenant qui sont « tous des salariés » pensent qu'il est honteux de donner des envies aux ouvriers, ils disent la même chose que les patrons à l'époque « c'est vous qui les rendez malheureux en leur donnant des envies » - Question de la conscientisation;
00:18:00 à 00:27:00 : il est favorable à la propagande par le fait, selon Kropotkine – l'action a toujours fait prendre conscience aux gens – en entendant parler de l'idée des vacances certains ouvriers disaient « mais on a trois mois de vacances en hiver ! » - il refusait la carte de chômeur, il aurait préféré voler que d'aller timbrer – il s'est organisé pour faire marchand de pommes sur la plaine de Plainpalais plutôt que d'aller au camp de travail – en Suisse il y a eu le pré-nazisme et le pré-corporatisme, et même les secrétaires syndicaux étaient séduits par ces idées - il a pratiquement toujours fait ce qu'il a voulu, il a eu la chance de ne pas se soucier de l'argent « c'était peut-être ma chance d'avoir cru à ma chance » – Démission le 1er mai 1955, moment de flottement dans sa carrière, il raconte les différentes options qu'on avait imaginé pour lui – un mois et demi après on l'a contacté pour fonder une succursale genevoise de Terrain une entreprise lausannoise – on lui a demandé de revenir au syndicat, mais impossible avec Lucien – la chance réside aussi dans le fait de prendre des risques ;
00:27:00 à 00:36:00 : il a posé ses conditions pour son poste de chef d'exploitation – ne voulait pas être patron – A créé « Henri Tronchet et compagnie » avec Georges Henri Müller, il avait une secrétaire, ils s'occupaient de la paperasse et de différentes petites entreprises de confiance (verser les salaires et prenaient 8 %) - sa chance : « donner plus que ce qu'on attendait de moi, notamment en raison de mon physique » – des patrons lui disaient « vous étiez un emmerdeur, mais on arrivait toujours à trouver un accord » - commentaire sur la lâcheté sans méchanceté – il avait usé de ses contacts pour replacer Fellay comme contremaître après qu'il fut exclu de la coopérative – membre du conseil d'administration de la Coopérative de l'Industrie du Bois;
00:36:00 à 00:45:38 lorsqu'il a démissionné, il a laissé toutes les fonctions qu'il avait acquis par sa position de secrétaire syndical – récit du lancement de son entreprise – sur ce qui fait un bon chef – raisons de sa conviction d'être fait pour le bâtiment – discussion autour de l'inné et de l'acquis – récit sur une placeuse au cinéma Alhambra qui ne se laissait pas intimider par quelqu'un qui lui disait de faire profil bas car elle avait deux enfants – achat d'un bar – flair en affaires.

Collège du Travail, Genève; producteur/trice

Interview d'un maçon, typographe et secrétaire syndical, Henri Tronchet (8ème partie/9)

Interview d'un maçon, typographe et secrétaire syndical, Henri Tronchet par Christiane Wist (Durée totale de l'entretien: 03:54:13).
Période évoquée : 1920-1940 (principalement)

Aperçu des thèmes (Parties 1/9 à 9/9):
Dans ce long et fourni entretien, Christiane Wist se fait raconter l'histoire de cette période des années 1920-1940 par Henri Tronchet qui participa à une série d'actions directes au sein de la Ligue d'action du Bâtiment (LAB) et fut secrétaire syndical jusqu'en 1955. Né en 1915, il raconte son parcours dans l'action syndicale et dans ses deux métiers principaux, maçon et typographe. Dans cet entretien, les interlocuteurs prennent le temps de la réflexion et de la distance par rapport aux récits, et s'attardent notamment sur le concept de chance. En effet, Henri Tronchet la considère comme centrale dans son parcours, ce qui lui fait dire « c'était peut-être ma chance d'avoir cru à ma chance ! ». Il décrit les actions menées pour la mise en place du système de reconnaissance de capacité pour les ouvriers qualifiés mais sans diplôme. Il explique les raisons pour lesquelles beaucoup d'ouvriers ne pouvaient se permettre d'acheter les produits des coopératives. Il décrit aussi l’ambiguïté dans la pratique des politiques de logement social. Il aborde la question des rapports de pouvoir et des comportements peu anarchistes de camarades anarchistes. Parmi de nombreux autres sujets, cet entretien traite aussi de la propagande par le fait, des enjeux de la caractérisation d'un acte comme "acte terroriste" et des séjours en prison.

Repérage des sujets principaux : (8ème partie/9)
00:00:00 à 00:09:00 : les accidents de travail : période intéressante commence avant guerre, mais moins d'information avant qu'ils ne fassent des actions et des mobilisations à ce sujet – après la guerre, ils faisaient des demi-journées de grève et des manifestations lors des décès – mise en place de délégué à la sécurité sur les chantiers – question des ponts-volants, compétence nécessaire pour la construction et le maniement – les échafaudages coûtent parfois plus chers que les travaux, puis l'idée qu'on pouvait dépenser de l'argent pour la vie d'un ouvrier a fait son chemin – la pratique voulait que les maçons fasse les ponts-volants pour les autres corps de métier – le pont-volant donnait un faux sentiment de sécurité, ce qui est une raison des accidents ;
00:09:00 à 00:18:00 : il y avait un certain fatalisme sur les chantiers – dans les apprentissages, on parlait de productivité, pas de sécurité, mais en France et à l'international la thématique de la sécurité était déjà d'actualité – mise en place des affiches mensuelles de prévention – Description des types d'accidents - les accidents sur les chantiers sont liés à l'accoutumance – à la suite des actions menées après chaque accident mortel, les autorités ouvraient le cortège (place Neuve, quai Gustave Ador), se sentant obligées d'être là – ensuite les autorités se sont vraiment intéressées – il existait déjà un comité de sécurité, mais pas sérieux, c'était les balayeurs qui devaient contrôler les chantiers – Création de la commission paritaire de sécurité ;
00:18:00 à 00:27:00 : les pelleurs mécaniques étaient des caïds, très indépendants, puis dès que le syndicat s'y est intéressé, c'est devenu une équipe très solidaire, ils étaient des pivots sur le chantier, les entrepreneurs les respectaient – au début ils n'étaient pas qualifiés – l'entreprise qui a corrigé le cours du Rhône sur le chantier de Verbois (Dionisotti) était un très mauvais employeur – après avoir été contraint de payer plus ses ouvriers, Dionisotti réussissait par son charme à en convaincre certains de lui rendre le surplus acquis – souvenirs d'enfance : l'humiliation ressentie lorsque sa famille a été logée dans un logement de commune - on mettait des robes aux petits garçons à l'époque – c'est seulement à l'âge de 14 ans qu'il est allé en ville pour la première fois – discussion sur les ghettos, et les classes sociales qui se voyaient directement avec les vêtements ;
00:27:00 à 00:36:00 : question des logements sociaux (Vieusseux et autres ) - proposition de subventionner les locataires et non la pierre - exemple de la Suède, mélanger les gens, faire varier les loyers pour un même logement – il a quitté la maison à 19 ans, il a toujours vécu dans un logement avec confort, important pour lui d'être bien logé – erreur de prendre les gens des taudis et de les reloger tous ensemble - les travailleurs fuyaient les foyers des taudis et se réfugiaient au bistrot, qui est le salon des pauvres;
00:36:00 à 00:46:51 : il a eu des discussions avec des responsables du logement - le but des Habitations à loyer modérés HLM (les Avanchets) n'a jamais été suivi, les gens qui ont peu d'argent n'y sont pas logés, les décideurs (syndicalistes y compris) pensent que c'est trop risqué économiquement – problématique de leur financement par les caisses de pension – lorsqu'il a dénoncé le prix de la construction des Avanchets, on l'a fait taire en lui disant « très intéressant, fais nous un rapport » - discussion sur les coopératives de consommation, distinguer les coopératives de consommation et de production – toute idée peut être escamotée disait Bertoni, ça a été le cas aussi des coopératives – les ouvriers n'allaient pas à la coopérative, mais à l'épicerie, car elles avaient le carnet, système de crédit mensuel – en tant qu'enfant, il était le cadet, toute la famille travaillait, dès l'âge de 10 ans il n'a plus connu la difficulté après que la famille eut été évacuée de la rue Vautier – contrat de sa sœur à l'usine, 70 ct de l'heure, clause de non concurrence - les permanents syndicaux: il n'y avait pas de permanents au syndicats, les gens allaient travailler le lendemain des actions – il ne s'imaginait pas comme permanent malgré les propositions – il a été nommé secrétaire syndical en son absence – il a quitté son poste de permanent lorsqu'il a senti que le vent changeait – il a travaillé pour la mise en place d'un système d'indemnisation pour les gens qui donnaient leur temps, pour pas qu'ils donnent aussi le peu d'argent qu'ils ont – référence au livre et aux idées de son frère Lucien Tronchet.

Collège du Travail, Genève; producteur/trice

Ils ont bâti la ville: Genève 1920-1940: Ouvriers et artisans racontent

Série d'interviews d'ouvriers, artisans et entrepreneurs du bâtiment, réalisée par Christiane Wist entre 1985 et 1986 sur mandat du Collège du Travail en vue de la publication de l'ouvrage "Ils ont bâti la ville, ouvriers et artisans racontent, 1920-1940" (Collège du Travail, 1988).
Ces interviews documentent les savoir-faire et les luttes sociales liés à cette période de grands changements des années 1920-1940.

Cette série contient d'une part la description précise des techniques, outils, matériaux et conditions de travail liées à quinze métiers distincts dans le domaine du bâtiment. Certains de ces métiers ont aujourd'hui disparu ou sont exercés uniquement pour les restaurations de monuments (tailleur de pierre, terrassier, staffeur, ferreur, mosaïste, etc...). Ceux qui perdurent ont pour la plupart traversé des évolutions techniques tellement importantes au niveau des matériaux et des outils qu'il pourrait s'agir de métiers distincts. D'autres continuent à se servir des techniques éprouvées par les siècles (charpentiers, enseignants) tandis que grutier ou électricien sont des métiers nés dans ces années-là. Ces interviews documentent donc un ensemble de savoir-faire aujourd'hui méconnus puisqu'ils appartiennent à la pratique artisanale d'un métier avant la mécanisation et la généralisation du béton et des machines. Les récits d'un entrepreneur, de marchands de bois et d'un architecte font aussi partie de ce panorama. Ces personnes racontent aussi la manière dont ils vivaient, leur contexte familial. La narration d'une diversité impressionnante de parcours de formation et de succession des métiers est un autre aspect remarquable de cet ensemble.

Cette série documente d'autre part les techniques, les matériaux et l'organisation nécessaires à l'accomplissement du travail de lutte sociale et syndicale. Ce sont les manifestations, les actions directes et les récits de luttes et de solidarité qui dominent les récits; en creux, au détour d'anecdotes apparaissent la dureté des conditions de vie et la brutalité des rapports sociaux. Sont notamment racontés: la fusillade du 9 novembre 1932, la démolition des taudis de Saint-Gervais, les résistances aux évacuations, les luttes pour les vacances, les jours fériés, contre les accidents de travail. Il est aussi question de la répression, de la surveillance policière et des peines de prison. Autre thème rapporté dans ces entretiens, l'émigration des travailleurs suisses à l'étranger; et notamment le racisme et les attaques subis en tant qu'étrangers habitant en France ou comme travailleurs frontaliers.

Collège du Travail, Genève

Interview d'un maçon, typographe et secrétaire syndical, Henri Tronchet (1ère partie/9)

Interview d'un maçon, typographe et secrétaire syndical, Henri Tronchet, par Christiane Wist (Durée totale de l'entretien: 03:54:13).
Période évoquée : 1920-1940 (principalement)

Aperçu des thèmes (Parties 1/9 à 9/9):
Dans ce long et fourni entretien, Christiane Wist se fait raconter l'histoire de cette période des années 1920-1940 par Henri Tronchet qui participa notamment à une série d'actions directes au sein de la Ligue d'action du bâtiment (LAB) et fut secrétaire syndical jusqu'en 1955. Né en 1915, il raconte son parcours dans l'action syndicale et dans ses deux métiers principaux, maçon et typographe. Dans cet entretien, les interlocuteurs prennent le temps de la réflexion et de la distance par rapport aux récits, et s'attardent notamment sur le concept de chance. En effet, Henri Tronchet la considère comme centrale dans son parcours, ce qui lui fait dire « c'était peut-être ma chance d'avoir cru à ma chance ! ». Il décrit les actions menées pour la mise en place du système de reconnaissance de capacité pour les ouvriers qualifiés mais sans diplôme. Il explique les raisons pour lesquelles beaucoup d'ouvriers ne pouvaient se permettre d'acheter les produits des coopératives. Il décrit aussi l’ambiguïté dans la pratique des politiques de logement social. Il aborde la question des rapports de pouvoir et des comportements peu anarchistes de camarades anarchistes. Parmi de nombreux autres sujets, cet entretien traite aussi de la propagande par le fait, des enjeux de la caractérisation d'un acte comme "acte terroriste" et des séjours en prison.

Repérage des sujets principaux : (1ère partie/9)
00:00:00 à 00:09:00 : Les oppositions aux évacuations n'étaient efficaces que grâce à l'action directe - Rue Masbou : récit de la venue des différents officiels dans leur costumes : rue condamnée, femmes aux fenêtres avec les casseroles, téléphone au procureur – Rue des Allobroges : la femme avait voulu se suicider car c'est humiliant qu'on vous sorte les meubles dans la rue - ils ont tendu un piège aux policiers et les ont enfermés un moment dans la cave – Rue Verte, ils ont pendu l'huissier ... par les bras - le gouvernement Nicole plaçait les évacués dans ces taudis – les raisons de l'échec du gouvernement Nicole – la déclaration de guerre qui a été un soulagement pour certains;
00:09:00 à 00: 11:58: contradictions de la gauche par rapport à l'antimilitarisme – Pour Bertoni, il fallait faire la révolution pour éviter la guerre – dans certaines situations, les pacifistes ont favorisé la prise de pouvoir des Allemands - il y a plus de nostalgie de 1936 que de 1968;

Collège du Travail, Genève; producteur/trice

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