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Interview de femmes sur le travail ménager et les conditions matérielles et sociales dans les années 1920-1940 (1ère partie/2)

Interview de femmes sur le travail ménager et les conditions matérielles et sociales dans les années 1920-1940, par Christiane Wist (Durée totale de l'entretien: 01:09:49).
Période évoquée: 1920-1940 (principalement)

Aperçu des thèmes (Parties 1/2 et 2/2) :
Cet entretien à plusieurs voix a pour axe le travail ménager (travail reproductif) et les loisirs à Genève dans les années 1920-1940. Christiane Wist rencontre un groupe de femmes dans une maison de retraite. Un projet d'approfondissement de ce projet n'est pas retenu par le Collège du Travail. Y sont notamment décrits: les conditions et les outils du travail ménager, le travail de soin aux aînés par les enfants, le système d'approvisionnement en eau, la prévention des maladies, les conditions et les mesures d'hygiène, la vie quotidienne animée dans les rues, le rationnement durant la guerre de 1914-1918, les moyens de transport, les premiers téléphones et installations d'électricité dans les foyers mais aussi la mode et la soumission des femmes aux hommes en matière de coupe de cheveux.

Repérage des sujets principaux (1ère partie/2) :
00:00:00 à 00:09:00 : appartements à Carouge, 30 à 40.- par mois - anecdote "vous avez des cabinets rien que pour vous!" - conditions d'hygiène - nid de couleuvres sous le plancher - cela a bien changé même s'il y a des restes - les toilettes par étage existent encore - à la coopérative, on pouvait acheter beaucoup de choses pour cinq francs - téléphone: les gens criaient très fort dans les téléphones, car c'était loin! - les téléphones étaient contre les murs, il fallait tourner le disque, pour lancer l'impulsion, puis prendre le cornet - les téléphones étaient rares - il fallait un cas grave pour déranger avec un téléphone - le lait de chèvre chaud en 1925: le troupeau passait aux Pâquis, le berger tirait le lait pour les malades - le primeur passait dans la rue avec les fruits et légumes, parfois cela durait longtemps, avec les conversations, "il était très humain", "souvent il nous donnait un fruit", les enfants faisaient les commissions pour les personnes âgées en 1914 - pour les balayures, on entendait l'homme qui passait pour les récolter;
00:09:00 à 00:18:00 : le vitrier passait dans la rue en chantant "ici le vitrier qui passe!", s'il avait le matériel, il le faisait de suite, sinon il revenait - l'aiguiseur ou le rémouleur passait - je suis venue à Genève en 1925, je gagnais 60 ct de l'heure dans un atelier d'horlogerie - le pain valait 30 à 45 ct - la pension valait 80.- par mois - on mettait un fourreau, on n'avait pas beaucoup d'habits et on en changeait peu - les mamans fabriquaient les vêtements - des couturières venaient dans les familles - on héritait les vêtements des sœurs et cousines - on allait souvent en bicyclette - il y avait trois familles de pasteur, une avec sept enfants, qui se passaient les vestes, ainsi les maîtres d'écoles reconnaissaient les enfants des mêmes familles - [les souvenirs de lessives font rigoler] au grenier, il y avait la chaudière - certaines avaient déjà le gaz à la fin de la deuxième guerre - mais certaines vont encore au salon-lavoir - ça rappelle les scènes de Zola - il y avait un bateau-lavoir à Saint-Jean, l'une d'elles l'a encore vu - il y a eu un accident, le bateau-lavoir a coulé: au quai du Seujet, il y avait des petits artisans, il a entendu crier les femmes qui se noyaient;
00:18:00 à 00:27:00 : un des lavoirs a continué après cela - ceux qui étaient du côté de Saint-Jean ont été très frappés par cette histoire - article de journal à ce sujet - le linge était bouilli et frappé - elle ne pense pas qu'il y a eu de décès, mais le Rhône est fort à cet endroit - les artisans avaient pignon sur rue - la mécanique était en hauteur, puis cela a changé, car ils ont mis des machines trop lourdes pour les planchers - il y avait un cordonnier qui faisait des souliers alors qu'on pouvait déjà les acheter dans les magasins - chiffonniers qui s'annonçaient encore dans la rue - on entendait les savoyards qui venaient faire le marché, dès 5h du matin c'était le défilé, tout était tiré par des chevaux - pour les gros travaux, c'était les chevaux percheron - le défilé pour aller marcher au Salève, il y avait beaucoup de gens qui se promenaient, il y avait un chemin de fer à crémaillère jusqu'à Monnetier - radio, poste à galène, on cherchait la fréquence - les émissions venaient de Paris, il y avait surtout des informations et de la musique - l'une d'entre elle allait au Salève depuis Plainpalais tous les dimanches, elle avait épousé un genevois, une fois, alors qu'il pleuvait, elle était rentrée en tram, environ 20 à 40ct - le tram de Veyrier avait une petite trompette - les diligences c'était avant la guerre de 1914;
00:27:00 à 00:36:00 : mais il y avait des fiacres avec les chevaux, il y avait un cocher, ils étaient stationnés au quai du Mont-Blanc - "le dernier conducteur de fiacre, cela fait pas longtemps qu'il est mort" - à la fête de l'Escalade on le sortait encore - le 1er studio de Radio-Genève, j'ai eu l'occasion d'y jouer, car je savais très bien articuler [noms des spectacles ou émissions] - on ne jouait pas la comédie, on lisait nos textes (je suis née en 1924, donc vers 1934-1936), c'était fantastique, je sortais le soir vers 22h - les fers à repasser sur le four ... les veilles de réception, les robes de fêtes empesées, une femme pratiquait cela à merveille, elle enseignait aussi - il y avait des magasins de repassage - le Feuillu est encore très bien fêté à Cartigny - les bas de cotons, tricotés à la main, ou en laine: on jouait une pièce à l'école, ma mère m'avait fait mettre des bas en laine, mais cela grattait, jusqu'au sang - dans les années 1930, chaque classe avait une grand-mère, on faisait une collecte et chaque Noël on leur offrait quelque-chose, parfois des manteaux - avant l'assurance-vieillesse - le chauffage avec le charbon - pendant la guerre c'était juste pour éviter que l'eau ne gèle;
00:36:00 à 00:45:00: les fourneaux à catelles sont les meilleurs - les briquettes, ça ne chauffait pas beaucoup - le samedi, ça sentait les briquettes à Cartigny, car c'était le jour du bain - on n'avait pas chacun son bain - les briquettes existaient pendant l'entre-deux-guerre et depuis longtemps, ce n'était pas très cher - pendant la guerre de 1914 on prenait des journaux, on les mouillait et puis on les faisait sécher et cela remplaçait le charbon, c'était un travail, il fallait de la force - il y avait le Gugus, un journal satyrique - juste avant la guerre, j'ai vu les premiers Marie-Claire - discussion autour du prix des livres, ils n'étaient pas si chers et il y avait des jolies éditions - l'installation de salles de bain: elles ont été installées dans les alcôves, où souvent dormaient les enfants - les chambres de bonnes étaient aussi transformées en salle de bain - la crainte de la tuberculose: elle se transmettait car on passait les habits de la morte à une autre - les grands portraits étaient très importants - M. Boissonas, photographe, magasin au bout de le rue Etienne-Dumont - les poses - les photos sont encore en bonne état;
00:45:00 à 00:47:09: les classes d'école étaient séparées - les garçons et les filles étaient séparées - mais en 1914 et en 1923 aux Charmilles, c'était mixte - il fallait payer et passer des examens pour faire des études secondaires - professions des jeunes filles.

Wist Christiane; interviewer/euse

Interview de femmes sur le travail ménager et les conditions matérielles et sociales dans les années 1920-1940 (2ème partie/2)

Interview de femmes sur le travail ménager et les conditions matérielles et sociales dans les années 1920-1940, par Christiane Wist (Durée totale de l'entretien: 01:09:49).
Période évoquée: 1920-1940 (principalement)

Aperçu des thèmes (Parties 1/2 et 2/2) :
Cet entretien à plusieurs voix a pour axe le travail ménager (travail reproductif) et les loisirs à Genève dans les années 1920-1940. Christiane Wist rencontre un groupe de femmes dans une maison de retraite. Un projet d'approfondissement de ce projet n'est pas retenu par le Collège du Travail. Y sont notamment décrits: les conditions et les outils du travail ménager, le travail de soin aux aînés par les enfants, le système d'approvisionnement en eau, la prévention des maladies, les conditions et les mesures d'hygiène, la vie quotidienne animée dans les rues, le rationnement durant la guerre de 1914-1918, les moyens de transport, les premiers téléphones et installations d'électricité dans les foyers mais aussi la mode et la soumission des femmes aux hommes en matière de coupe de cheveux.

Repérage des sujets principaux (2ème partie/2) :
00:00:00 à 00:09:00 : se faire couper les cheveux, les maris l'interdisaient - elles avaient la réputation d'être des filles légères - le fer à onduler, les premières permanentes c'était en 1930, on était attachées par des fils, du courant passait, ou alors avec des tuyaux d'eau très chaude - on portait les cheveux attachés sinon, avec des chignons - deux femmes racontent comment elles se sont finalement coupé les cheveux - on se coupait les cheveux en famille, on chauffait le fer sur le gaz, et après on se brûlait les cheveux! - carte de rationnement - les jeunes ne pouvaient pas croire qu'on ait pu être rationnés comme ça - [on comprend qu'il y a une mère et sa fille qui participent à la conversation ] - maman descendait à bicyclette avec ses paniers au marché de Plainpalais deux fois par semaine - les trams, ceux pour Versoix - voyages Genève-Lausanne à vélo - bains publics: il fallait réserver, payer d'avance, on amenait notre linge et notre savon - les bains du Rhône, c'était très sain, car il y avait du courant et c'était très froid, une ardoise indiquait les degrés, les classes y apprenaient à nager, description des beaux plongeons;
00:09:00 à 00:18:00 : en 1939-1940 Genève-Lausanne à bicyclette, ils étaient quatre de front et n'ont croisé que deux ou trois véhicules - la première auto vue en 1905-1906 - les nuages de poussière provoqués par les autos, "on se jetait sur le côté" - l'eau courante dans les appartements - faire sa toilette dans sa chambre - l'eau arrivait sans pression, l'eau était conservée dans les greniers et descendait - l'eau n'était pas très saine - "ma grand-mère a attrapé le typhus a Celigny" "mon père récoltait des feuilles de noyer, on les faisait cuire pour fabriquer l'eau de noyer", "il a aussi acheté un filtre, un tube avec du sable au fond", "jamais plus nous n'avons bu l'eau du robinet du village" - parfois un rat se noyait dans les cuves dans les greniers - on remplissait nous-même un petit réservoir avec de l'eau qu'on allait chercher à la fontaine - installation de l'électricité en 1917 chez ses parents: d'abord dans la cuisine, puis dans les chambres, "la grand-mère disait, mais c'est du sortilège!";
00:18:00 à 00:22:40 : le charbon se livrait par sac à cheval, il y en avait très peu pendant la guerre, on gelait.

Wist Christiane; interviewer/euse